Bordeaux « métropole millionnaire » : pour qui ? Pourquoi ? Notre tribune – novembre 2017
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Bordeaux métropole millionnaire, pour qui ? Pourquoi ?

L’idée d’une métropole bordelaise capable d’accueillir 1 million d’habitants, qui date des années 1970 sous l’ère Chaban-Delmas, a été relancée en 2010 par Vincent Feltesse et Alain Juppé, de concert.

Elle s’inscrit dans un contexte de compétition entres mégapoles européennes.

La métropole millionnaire était surtout au départ un slogan de communication facile et, comme tous les slogans, il recelait un objectif très réducteur.

Aujourd’hui ce slogan n’est plus mis en avant mais toutes les opérations d’urbanisme en cours tendent vers cet objectif du million d’habitants. A Bordeaux, le maire vise l’accueil de 100 000 nouveaux habitants d’ici 2035, dont 30 000 à Euratlantique, 12 000 aux Bassins à flot, 9000 à Brazza, 7000 à Ginko, 5000 à Bastide Niel, 2400 à la Jallère…

Ces objectifs sont quantitatifs et non qualitatifs, et ne s’interrogent pas suffisamment sur l’essentiel : dans quelle ville, dans quelle métropole, voulons-nous vivre demain ?
Une ville sobre, apaisée, riche de ses diversités ?
Une ville égoïste, qui concentre les richesses au détriment des territoires ruraux délaissés ?
Une ville paupérisée ou une ville de millionnaires ?
Une ville dispendieuse, qui privilégie les grands projets de prestige (sportif, culturel ou touristique) comme le stade Matmut ou la Cité du vin réalisés au détriment d’équipements de proximité : crèches, écoles, gymnases, espaces verts dans les quartiers… ?
Une ville dortoir, sans cohésion sociale et lieux de vie communs ?
Une ville gaspilleuse, notamment de ses derniers espaces naturels ?
Une ville toujours plus bitumée et asphaltée, qui continue d’abattre des arbres sains en hypercentre ?
Une usine à gaz à effet de serre contribuant « généreusement » au réchauffement climatique ?

Un million d’idées peuvent surgir d’un vrai questionnement non biaisé par un slogan réducteur.

C’est le sens de nos propositions pour améliorer la démocratie locale, favoriser l’agriculture urbaine et le lien social, relocaliser l’économie, choisir des modes de déplacements moins polluants ou se doter d’une politique foncière pour lutter contre la flambée des prix de l’immobilier, qui contraint les ménages le plus modestes à se loger de plus en plus loin.

Ce cercle vicieux de la métropole millionnaire vectrice de congestion et d’exclusion sociale n’est pas une fatalité. Bordeaux pourrait devenir une métropole dynamique mais résiliente où la priorité politique irait au bien-être de ses habitants, aux secteurs économiques de la transition écologique vecteurs d’emplois non délocalisables, et à la gouvernance partagée.

C’est le sens du combat que nous menons quotidiennement.