
Actualisation 21 septembre 2018
L’étude de l’ Atmo Nouvelle-Aquitaine sur la pollution de l’ air par les paquebots de croisiere vient d’être rendue publique aujourd’hui : https://www.atmo-nouvelleaquitaine.org/fiche-etude/evaluation-de-limpact-des-paquebots-sur-la-pollution-de-lair-bordeaux
Cette étude montre que le trafic de paquebots maritimes a un impact négligeable sur les concentrations d’oxydes d’azote (NOx) et de particules PM10 sur les quais de Bordeaux. En effet, sur le Quai Louis XVIII, même si l’arrivée et le départ d’un paquebot maritime peuvent être caractérisés par une hausse ponctuelle des concentrations en NOx et PM10 (lors de vents issus d’un secteur est), le trafic routier et le fond urbain sont les sources majoritaires influençant respectivement les concentrations en NOx et PM10.
Un pic de dioxyde de soufre (SO2), très inférieur à la valeur limite réglementaire, lié aux paquebots maritimes a été observé sur le Quai Louis XVIII, mais globalement les concentrations demeurent très faibles et nettement inférieures aux valeurs limites réglementaires et aux recommandations de l’OMS.
Nous rappelons toutefois que :
1/ C’est notre groupe qui est à l’origine de cette préoccupation et de cette étude (1er courrier au maire en juillet 2015)
2 / Qu’il aura fallu attendre et surtout beaucoup insister pour qu’elle se fasse (cf CM de mars 2016). Dont acte, 3 ans plus tard…
3/ Nous nous réjouissons bien entendu de ces résultats qui sont au-dessous des normes réglementaires mais que nous avions demandé que l’étude soit plus longue (deux mois cela ne nous semblait pas suffisant, surtout avril et mai, nous avions demandé une extension en septembre 2018, refusée par Bordeaux Métropole). Cependant, il manque dans les mesures les particules fines inférieures à 10 micromètres (PM10), notamment les particules ultra fines issues de la combustion qui sont les plus nocives pour la santé. Et la hauteur des capteurs (entre 1.5m et 4m) est certes réglementaire pour la pollution automobile chronique, mais permet elle de tester des fumées de navires émises par des cheminées hautes de 10 à 15 m ?
4/ Si la pollution de l’air est essentiellement due au trafic routier sur les quais, des mesures doivent être prises pour réduire celui-ci.
5/ Nous souhaitons une station de mesure annuelle sur ce site du Port de la Lune.
6/ Nous souhaitons que la ville interdise l’accès au port aux paquebots les plus polluants, non équipés de « scrubbers » (filtres à particules)
7/ Que le port favorise les armateurs vertueux par une prime comme à La Rochelle, Le Havre, Rouen et Paris
Septembre 2017 – Deux ans après notre 1er article ci-dessous, nous venons de réécrire à Alain Juppé car aucune solution d’alimentation des paquebots à quai n’a été proposée. Or nous sommes passés de 36 navires en 2015 à 53 cette année et 14 pour le seul mois de septembre !
Pierre Hurmic a à nouveau interpellé le conseil municipal lors de sa séance de mars 2016 et l’adjointe au développement durable, Anne Walryck, nous a répondu de manière erronée en minimisant la question : « je voudrais quand même minimiser un peu la portée de vos propos parce que nous avons regardé évidemment attentivement quel était l’état de pollution, la contribution de la pollution des paquebots et des navires de croisière à Bordeaux et de l’avis même de l’AIRAQ qui a été sollicitée sur cette question puisqu’un certain nombre d’interrogations pouvaient se poser, la pollution, elle est absolument infime. »
En réalité, après vérification, aucune étude spécifique n’a été réalisée par l’AIRAQ.
Dans son dossier de fond sur la pollution de ces mastodontes flottants, l’ONG France Nature Environnement rappelait en 2015 qu’ « un lien sans équivoque entre les gaz d’échappement des cargos et plusieurs maladies cardiovasculaires et respiratoires a été établi par les recherches de l’université de Rostock et le centre de recherche sur l’environnement allemand Helmholzzentrum Munich. Chaque année en Europe, ces émissions du transport maritime causent près de 60 000 morts et coûtent 58 milliards d’euros aux services de santé.
Deux polluants émis sont particulièrement scrutés : l’oxyde de soufre (Sox) et l’oxyde d’azote (NOx). Importants polluants de l’air, ils accélèrent la formation de particules fines et ultra-fines. Les émissions de soufre de ces transports à elles seules seraient responsables d’environ 50 000 morts prématurés par an en Europe et de 5 % à 10 % des émissions mondiales. En pénétrant dans les plus fines ramifications respiratoires, elles peuvent entraîner une dégradation de la respiration, une hyper-réactivité des bronches chez les asthmatiques ou encore une augmentation de la sensibilité des bronches aux infections microbiennes chez les enfants. »

C’est avec ce titre que l’ONG France nature environnement a présenté jeudi 23 juillet 2015 son étude sur la pollution de l’air induite par l’industrie de la croisière.
En partenariat avec l’ONG allemande NABU, FNE a réalisé des mesures de la qualité de l’air à proximité du Port de Marseille le mardi 21 juillet 2015, avec des résultats édifiants.
Actuellement, l’Etat français est poursuivi à la fois devant ses propres tribunaux par des particuliers et des associations, mais également par la Commission européenne pour non respect de la réglementation sur les particules fines PM 10 et le dioxyde d’azote (NO2), un polluant à l’origine des pics de pollution à l’ozone. Le gouvernement est également poursuivi pour n’avoir pas transposé la directive européenne sur les émissions de soufre des navires.
Les équipes de FNE et de NABU ont pu, grâce à des instruments de laboratoire, mesurer les concentrations de particules ultra-fines (PUF, entre 20 nanomètres et 1μm) dans l’air. Ces particules sont les plus dangereuses pour la santé : leur très petite taille (jusqu’à 1000 fois plus fines qu’un cheveu) leur permet de s’accumuler dans les poumons et passer à la fois dans le sang et dans le cerveau. De nombreuses études attestent du lien entre ces particules et l’augmentation des risques cardiovasculaires (crises cardiaques notamment), l’hypertension artérielle et la maladie de Parkinson. D’après les mesures réalisées au parc du Pharo sur les hauteurs de Marseille et dans le terminal « croisières » du Grand port maritime, la pollution en PUF est 20 fois supérieure près des paquebots
La majeure partie de la pollution de l’air par les navires de croisière vient de la teneur en soufre des carburants. Fioul lourd, diesel marin…Ils en contiennent jusqu’à 3500 fois plus que le diesel que nous mettons dans nos autos. Une fois brûlé, ce carburant rejette du dioxyde de soufre, un polluant réglementé, connu pour son impact sanitaire (maladies respiratoires, bronchites, irritations de la gorge) et environnemental (pluies acides) important.
C’est pourquoi nous avons écrit ce jour, 24 juillet 2015, un courrier au maire de Bordeaux lui demandant de bien vouloir prendre des mesures au niveau qui est le sien, à l’heure où la Métropole s’apprête à répondre à l’appel à projet du ministère de l’écologie « villes respirables en 5 ans ».
Pour lutter contre ce fléau sanitaire, les gestionnaires du port de Marseille ont prévu d’installer, d’ici la fin d’année 2015, un dispositif d’alimentation électrique qui éviterait de faire tourner les moteurs des navires à l’arrêt.
Nous souhaiterions que la ville de Bordeaux, qui accueillera cette année 36 paquebots et 6 navires militaires, encourage la mise en place de ce même type de dispositif, voire encourage l’innovation en étudiant l’implantation d’un dispositif alimenté en énergies renouvelables.
La croisière abuse, et Mr de la Giroday aussi !
Dans un article du journal Sud-Ouest du 19 novembre 2015, Mr de la Giroday, consultant pour un important opérateur maritime, affirme que les paquebots de croisières ne polluent pas quand ils sont à quai. Nous souhaitons apporter un vif démenti à cette allégation insensée ainsi que des compléments d’information sur le sujet. Parmi les polluants principaux des navires, qu’ils soient de croisière ou de marchandises, on trouve les oxydes de soufre (SOx), les particules fines (PM2,5 et PM10) et les oxydes d’azote (NOx). Tous ces polluants sont reconnus nocifs et dangereux pour la santé. La majeure partie de la pollution de l’air par les navires de croisière vient de la teneur en soufre des carburants. Le niveau d’émissions des oxydes de soufre dépend de la concentration en soufre des carburants utilisés par les navires. Actuellement, le contenu des carburants en soufre peut varier entre 3,5% pour le fioul lourd, et environ 0,1% pour le diesel marin, utilisé à quai. A titre de comparaison, la concentration en soufre autorisée pour le diesel automobile, et déjà considérée comme dangereuse, est de 0,001%. Ce qui revient à dire que les carburants des navires à quai ont une teneur en soufre 100 fois supérieure à celles de carburants automobiles, 1 500 fois supérieure lors qu’ils arrivent et qu’ils quittent leur escale et 3500 fois lorsqu’ils naviguent en pleine mer. Comme à Marseille, de nombreux ports dans le monde ont choisi d’alimenter les navires à quai par des réseaux terrestres, souvent électriques, jugés moins polluants et dangereux que le diesel marin, aux Etats-Unis, au Canada, en Chine, en Allemagne, en Suède, en Finlande, en Belgique et aux Pays-Bas. La pollution des bateaux que M.de la Giroday considère cyniquement comme un « faux problème » n’a de cesse d’inquiéter nombre de professionnels du secteur. Le législateur français a d’ailleurs prévu, à l’occasion de la loi de transition énergétique, d’encourager les opérations pilotes en matière d’alimentation extérieure à quai dans les ports pour les navires.