
Depuis les années 1930, la production mondiale de substances chimiques a été multipliée par 400. Parmi les 100 000 substances chimiques recensées dans l’Union européenne, moins de 3 000 ont fait l’objet d’analyses approfondies quant à leurs propriétés dangereuses et l’évaluation formelle et quantifiée des risques toxiques et écotoxiques.
Les perturbateurs endocriniens (PE) sont des substances chimiques qui interfèrent avec l’ensemble des organes et tissus qui sécrètent des hormones et engendrent des dysfonctionnements au niveau de la croissance, du développement, du comportement ou encore des fonctions reproductrices. Ils sont présents dans de nombreux objets de notre vie quotidienne : plastiques, pesticides, conserves, aliments, tickets de caisse…. Bisphénols, phtalates, parabens, retardateurs de flamme, pesticides, ils impactent à la fois la santé humaine mais aussi l’environnement.
Nous, écologistes, demandons, à l’instar de nombreux scientifiques, que face au doute le principe de précaution s’impose aux pouvoirs publics. D’autant que l’utilisation de ces molécules n’est toujours pas encadrée par l’Europe. En février dernier, la Commission européenne a de nouveau échoué à définir les molécules soumises à interdiction, notamment en raison des pressions des lobbies industriels.
Pendant ce temps, les élu-e-s de Bordeaux, pourtant conscients des risques sanitaires des PE ou de l’absence de preuve de l’innocuité de ces molécules (cf. notre dossier https://bordeaux.eelv.fr/category/dossiers/perturbateurs-endocriniens/), continuent leur politique d’achats publics comme si de rien n’était, en équipant les cantines des 101 écoles de la ville d’assiettes en plastique.
Nous considérons qu’il est inutile, voire préjudiciable, que la municipalité ajoute ce type d’expositions aux PE en direction d’enfants qui sont des sujets vulnérables. En cas de doute, il nous semble préférable de privilégier de manière systématique les matériaux inertes dont l’innocuité est avérée.
La réduction des PE est identifiée par le gouvernement comme l’une des 10 priorités dans le 3è Plan National Santé Environnement 2015-2019. L’Agence régionale de santé (ARS) Nouvelle-Aquitaine a fait une priorité de la petite enfance (0-6 ans) dans sa stratégie régionale de prévention et promotion de la santé environnementale. Dans son guide à l’usage des professionnels de la petite enfance, les recommandations concernant l’usage de la vaisselle en plastique sont claires : « Privilégier pour la cuisson, la remise en température et le service, la vaisselle en verre, en inox ou porcelaine qui sont des matériaux simples, non identifiés comme sujet aux migrations moléculaires dans les aliments. »
La ville de Limoges, soutenue par l’ARS, s’est récemment engagée dans une expérimentation de crèche « sans perturbateurs endocriniens ».
Pourquoi la ville de Bordeaux n’en ferait-elle pas autant, en commençant par ses crèches et ses écoles ?
La réduction de l’exposition de la population et de l’environnement aux perturbateurs endocriniens est un réel défi. La ville de Bordeaux, initiatrice d’un contrat local de santé, doit le relever au plus vite.
Le temps presse et nous sommes tous exposés.
Agissons chacun à notre échelle là où nous le pouvons.